Qui sont les Lulua Bashilange de Kalamba?

  • L’IDENTITÉ DES LULUA

    Extrait de De la lutte pour la libération du peuple Lulua de Mukenge Shabantu

    4. Vie sociale

    La société 1ulua est une communauté où chaque individu travaille, fournit des efforts pour s'épanouir, lui et sa famille élargie. Ce n'est pas une société de proflteurs car chacun doit y apporter sa contribution par son travail. Les enfants sont éduqués dans cet esprit.

    Dans ce contexte, tout garçon est, dès son jeune âge, initié à la vie en commun. Il est initié à la construction d'une maison et à la pratique de l'élevage avant d'être initié aux travaux des champs et à la chasse. L'objectif était, et est encore aujourd'hui dans les villages, de préparer les jeunes gens à faire face à leurs besoins futurs. Et c'est en fonction de tous ces paramètres que l'on pouvait juger tel ou tel garçon mûr pour les fiançailles ou pour le mariage. Il en était de même, mutatis mutan­dis, pour une fille ayant atteint l'âge de la puberté, souvent considéré par la société comme l'âge de la maturité.

    S'il arrivait qu'au bout de la période d'initiation, le jeune garçon ou la jeune fille, ne présentait pas les résultats escomptés, la coutume recommandait de poursuivre encore son encadrement avant de penser le (la) lâcher ; l'éducation traditionnelle ne tolérait pas des inadaptés sociaux.

    A l'âge de la majorité, des pressions sont exercées sur le jeune pour le convaincre de la nécessité qu'il y a, pour lui, de se marier. Il en est de même pour la fille. La famille fait de son mieux pour amener les enfants initiés à assumer leurs responsabilités dans la vie car le couronnement de l'éducation, c'est le mariage. On n'encourage point la fainéantise ni la médiocrité.

    Il peut arriver qu'un jeune homme pour qui la famille a eu à souffrir pour faire de lui un homme responsable, tombe malade pendant une longue période. Le clan qui se soucie du sort de chacun de ses membres se réunira afin de décider de l'assistance à apporter à l'intéressé: lui apporter des vivres et lui permettre de se faire soigner. En cas de décès et dès la fin du deuil, quelqu'un est désigné parmi les proches pour s'occuper de sa femme et de ses enfants, s'il en a.
    Dans le cas contraire, le conseil de famille peut charger trois à quatre de ses membres de soutenir la veuve et les orphelins. Ce soutien est double : il est à la fois moral et matériel. Enfin, si la veuve regagnait sa propre famille, le plus proche des parents prenait les enfants en charge.

    D'autres occasions permettaient également aux Lulua de manifester leur esprit communautaire comme le cas d'une calamité naturelle : la destruction des champs par une tornade ou par une tempête, des cases qui s'écroulent ou des toitures emportées ...

    La vie sociale et solidaire du peuple lulua débordait les limites du clan et du village pour s'intéresser à un étranger de passage. On lui donnait à manger sans se préoccuper de l'identité de sa tribu, comme en atteste encore récemment le passage des réfugiés hutu à travers son territoire.
    Des proverbes tels que « Kufua bundu, nkufua nzala», ou encore «Muenyi wa pale kumutompuedi, dinga dituku utakaya kupatuka kuabo ".
    Littéralement : « Se gêner, c'est mourir de faim» et «Il n'est pas indiqué d'indisposer un étranger, car un jour vous pourriez vous retrouvez dans sa situation» témoignent de la solidarité que les parents enseignent, le soir autour du feu, à leurs enfants.
    Le feu du soir (TSHIOTA) constituait une véritable école pour l'ini tiation et l'éducation des enfants dans la société traditionnelle. C'est que l'on nous pétrissait dans le moule de notre tradition pour ne pas apprendre comment vivre en harmonie avec les autres et avant to avec les frères, cousins, cousines, neveux, nièces, oncles, tantes et s tout les parents. Les rapports avec les parents devenaient beaucoup p délicats lorsqu'intervenait la dimension des interdits (ou bibindi) plan moral.
    Il en était de même avec les frères et sœurs, les cousins et cousin qui constituaient une catégorie envers laquelle il fallait se montrer respectueux et obéissant. Venait ensuite le clan « TSHIOTO» et étrangers.
    Comme tous les enfants n'avaient pas la chance de bénéficier de l’éducation évoquée ci-dessus, les déshérités pouvaient trouver consolation au sein de la communauté. C'est ce qu'affirme le proverbe ci-après: « Babelabela muan'a muntu, muana wa mufue wateleja !» Ce qui signifie: « Orphelin, prête une oreille attentive aux conseils que 1 donne à ceux dont les parents sont encore en vie!» Car les enfants appartiennent non seulement à leurs propres parents mais à tout le qui assume la paternité sociale.

    C'est dans ce contexte qu'intervient la formation du caractère effet, pour mettre la sincérité et la franchise dans les rapports avec autrui en exergue, on préconisera de détester l'anti-valeur en disant que jamais un menteur n'aura de la valeur au sein de la société. A chaque occasion, on insistera sur la générosité sans laquelle on est classé au rang des avares (NKONDAFI). Dans les conversations quotidiennes de la famille, on ne cesse jamais de faire allusion à des avares justement pour amener les jeunes à éviter de suivre leur exemple. C'est ce que signifie avec beaucoup d'ironie le proverbe ci-après : « Bakadiadia nsua ne mpuku, kabampi ; bashishe kundomba tuntuntu.» «Bien qu'ayant mangé fourmis ailées et rongeurs sans m'en donner, il ose me demander des grillons. »
    A travers les proverbes suivants, c'est une façon de parler finement du savoir vivre : « Konyi mua kuamba,nansha kumpele kantu» ou encore : « Udiadia wadia, tshibi mmatandu,kulowangana nkubomba».

    Le premier proverbe peut bien se traduire par «Ne gâche pas ton langage, même si tu ne me donnes rien ». Et le deuxième : « Que celui qui le peut mange! Les disputes sont dangereuses et les envoûtements conduisent à la ruine ».